dimanche 1 février 2015

Guiseppe Penone - Musée de Grenoble

Que dire de cette expo sinon que c'est un enchantement ? Enchantement des œuvres présentée qui toutes provoquent notre étonnement et ce même pour celles que nous redécouvrons... Enchantement de la mise en espace et du parcours thématique proposé, enchantement de la lumière, des formes, des matières (bois, marbre, bronze, végétaux, soie, cuir, charbon et graphite... ). Enchantement des œuvres de Penone qui nous donne à voir l'invisible. Bref, une véritable merveille que les grenoblois ont la chance de pouvoir voir et revoir jusqu'au 22 février.
Je conseille une visite en semaine, par exemple à l'heure du déjeuner, à un moment où vous pourrez apprécier les œuvres dans l'espace et voir l'enfilade des salles en perspective.
Surtout évitez le week-end : il y a vraiment trop de monde et la poésie de Penone ne cohabite pas bien avec la foule.
Je conseille également la lecture de l'excellent dossier pédagogique mis à disposition sur le site du Musée de Grenoble (et dont je cite certains extraits ici). Après la visite, prenez le temps de visionner les 2 projections vidéo proposées en salle de séminaire qui montrent comment Guiseppe Penone travaille au quotidien.
"La magie de la réalité est présente dans toutes les choses", dit-il. La magie est présente dans cette expo c'est certain !

Expo "Guiseppe Penone// Musée de Grenoble" [22 novembre 2014//22 février 2015]
Dossier pédagogique  sur la page des ressources en ligne du Musée de Grenoble
Lecture d'oeuvres








Gli anni dell’albero più uno [Les Années de l’arbre plus une] 1968 - Encre typographique et crayon sur papier calque

Détail - Propagazione [Propagation] 08-02-2013, Encre de chine et encre typographique sur papier

Propagazione [Propagation] 08-02-2013, Encre de chine et encre typographique sur papier

"Dans Propagazione [Propagation], Penone imprime au centre d’une feuille l’empreinte de son doigt, puis redessine les lignes en les reliant entre elles, les amplifiant peu à peu en cercles concentriques, jusqu’aux bords de la feuille, parfois jusque sur le mur. Ce principe rappelle les «ronds dans l’eau» ou l’onde, phénomène de propagation d’un mouvement répercuté dans l’élément liquide (l’espace) selon une durée variable (le temps). Propagation donne une visibilité à l’effet qu’a tout contact sur ce qui est « touché ».
Penone a mené ce travail à la loupe pendant des heures durant. Le dessin prend la même configuration que la coupe d’un tronc avec ses anneaux de croissance. L’humain rejoint le végétal." [Extrait du Dossier pédagogique]

Gli anni dell’albero più uno [Les Années de l’arbre plus une]

Pelle di grafite – trasparenza 7 dicembre 2005 [Peau de graphite – transparence 7 décembre 2005] - Mine de plomb sur toile blanche



Pelle di grafite – trasparenza 7 dicembre 2005 [Peau de graphite – transparence 7 décembre 2005] - Mine de plomb sur toile blanche

Studio per Soffio di creta [Etude pour Souffle d'argile] 1977 Café et crayon sur papier

Détail - Studio per Soffio di creta [Etude pour Souffle d'argile] 1977 Café et crayon sur papier

Scrigno [Ecrin] 2007 Cuir, bronze, or, résine végétale

Scrigno [Ecrin] 2007 Cuir, bronze, or, résine végétale

"Scrigno [Écrin] est un grand sapin évidé et moulé en bronze dont l’intérieur recouvert d’or contient de la résine rouge formant un lit ruisselant. Ce dispositif met en parallèle la circulation des fluides, de la sève dans les arbres, du sang dans le corps humain, il est flux de vie. L’association avec le cuir reproduisant l’empreinte d’une écorce renforce la parenté entre l’animal et le végétal. L’or, métal précieux, source de lumière et de croissance et symbole de sacré, est pour l’artiste la matière la plus compatible avec le corps, ne provoquant aucun rejet. L’écrin de l’arbre abrite une métaphore de la vie végétale et humaine."  [Extrait du Dossier pédagogique]


A gauche : Ceppi di cuoio Souches de cuir [de 1 à 7], 2010 - Bois, cuir, clous. A droite : Indistinti confini [Frontières indistinctes] 2014 Marbre, bronze. Au fond : Una lettura tattile della scorza dell'albero [Une lecture tactile de l'écorce de l'arbre] Frottage de graphite sur papier marouflé sur toile

Détail - Ceppi di cuoio Souches de cuir [de 1 à 7], 2010 - Bois, cuir, clous



























A gauche : Matrice di linfa [Matrice de sève] 2008 - Encre de chine et résine végétale sur papier japon / A droite : Parole che avvolgono la mente [Des mots qui enveloppent l'esprit] 2007 Encre de chine sur papier mûrier 


Soffie [Souffles]  1978 Terre cuite

Détail - Soffie [Souffles]  1978 Terre cuite

"La série des Soffie [Souffles], commencée en 1978, est un ensemble de sculptures en terre cuite à taille humaine dans lesquelles Penone a donné forme à l’invisible, l’air expulsé de ses poumons. Ces grandes amphores conservent la forme du corps de l’artiste (jambes et buste), habillé d’une chemise et d’un jean (même moulage que pour Vert du bois). Elles s’achèvent dans la partie supérieure par une ouverture, empreinte du visage et moulage de la bouche et des dents, dans laquelle Penone a expiré son souffle. Les sculptures semblent avoir été gonflées par l’air rejeté, elles donnent au souffle invisible l’apparence d’un vase. Les tourbillons et les volutes réalisées sur les bords, une fois le moulage achevé, évoquent l’état fluide de l’air. Masculin et féminin coexistent : la trace de l’entrejambe de l’artiste et les bords ondulés donnent à la sculpture l’apparence d’un sexe féminin. Le flux de la vie, induit par la respiration, est ainsi rendu visible par une forme qui n’est pas sans évoquer L’Origine du monde de Courbet." [Extrait du Dossier pédagogique]

A gauche : Soffie [Souffles]  Terre cuite/ A droite : Pelle di foglie  [Peau de feuilles ], Bronze

 Détail - Pelle di foglie  [Peau de feuilles ], Bronze

Pelle di foglie - Sguardo incrociato [Peau de feuilles - Regard croisé], 2006 Bronze

Pelle di foglie - Sguardo incrociato [Peau de feuilles - Regard croisé], 2006 Bronze

"Pelle di foglie [Peau de feuilles] appartient à une série de sculptures réalisées entre 1999 et 2007 dans lesquelles des branches et des feuilles de laurier coulées en bronze forment des silhouettes dressées face-à-face. L’artiste associe la figure humaine et le végétal, la peau et les feuilles. Les branches et leurs trajectoires rappellent le système veineux et nerveux du corps humain, comparable au réseau de nervures du végétal, il y a transmutation des éléments. On pense aux Métamorphoses d’Ovide et plus précisément au mythe d’Apollon et Daphné.
Dans l’oeuvre intitulée Pelle di foglie - Sguardo incrociato [Peau de feuilles - Regard croisé], la partie supérieure forme une sorte de masque tourné vers l’extérieur constitué de feuilles, proche de la manière d’Arcimboldo, et dans lequel deux branches qui se croisent surgissent à la place des yeux, tels un rayon de lumière au bout duquel est fixée une feuille. Pour l’artiste, les yeux humains sont comme les feuilles d’un l’arbre, ils reçoivent la lumière et la transforment (en image pour l’homme, en photosynthèse pour le végétal)." [Extrait du Dossier pédagogique]


Respirare l’ombra-foglie di tè [Respirer l’ombre- feuilles de thé] 2008 Grilles métalliques, feuilles de thé, bronze

Détail - Respirare l’ombra-foglie di tè [Respirer l’ombre- feuilles de thé] 2008 Grilles métalliques, feuilles de thé, bronze

"Contrairement aux Souffles qui donnent forme à l’expiration, Respirare l’ombra [Respirer l’ombre] est une oeuvre monumentale consacrée à sa phase complémentaire, l’inspiration. A partir de 1998, Penone réalise des espaces aux parois verticales recouvertes de feuilles de laurier odorantes compressées retenues par un grillage métallique. Le laurier évoque le sud, il est rattaché à la culture de l’Italie, aux Métamporphoses d’Ovide et à l’empire romain. L’oeuvre de 2008 a été réalisée pour le musée de Toyota. Elle est constituée de feuilles de thé, au coeur de la culture japonaise. Au centre, fixé à hauteur d’homme, un masque de feuilles de laurier en bronze, dont la bouche laisse s’échapper des branches tel un souffle, rappelle la partie supérieure des futures Pelle di foglie. L’amoncellement des feuilles convoque l’expérience tactile, olfactive et auditive de leur froissement. Le titre de l’oeuvre renvoie à ce que produit l’arbre, l’ombre bienfaitrice recherchée par l’homme et l’animal." [Extrait du Dossier pédagogique]


Verde del bosco [Vert du bois] 1986, Frottage de feuilles et couleurs végétales sur toile


"Dans Verde del bosco [Vert du bois], Penone a utilisé le pigment des feuilles, les pressant et les frottant sur une toile libre déposée sur un tronc et des branches. Il unit ainsi son action d’artiste à celle du végétal. Il ne représente pas la forêt mais la réinvente avec les matériaux mêmes de la forêt. La couleur est celle du jus d’herbe (technique ancienne utilisée pour teindre les étoffes), la chlorophylle, le «sang» de la feuille. Le motif obtenu par le frottage restitue l’empreinte fidèle de l’écorce de l’arbre. L’image de l’arbre est donnée par sa forme et par sa couleur : le Vert du bois. Vers la gauche apparaît l’empreinte du corps de l’artiste, une chaussure, son jean et sa chemise. L’humain se fond dans le végétal, mêlé aux branches et aux feuillages, comme dans le mythe d’Apollon et Daphné raconté par Ovide dans Les Métamorphoses." [Extrait du Dossier pédagogique]

Détail -Verde del bosco [Vert du bois] 1986, Frottage de feuilles et couleurs végétales sur toile 

16 pagine [16 pages] 2008 - Ruban adhésif et pigment sur papier

La Pressione di una carezza su 14 spine (occhio) [La Pression d’une caresse sur 14 épines (oeil)] 2001 - Crayon, encre de chine, ruban adhésif et pigment sur papier

16 pagine [16 pages] 2008 - Ruban adhésif et pigment sur papier

Sigillo [Sceau] 2012 - Marbre blanc de carrare

Spine d’acacia - contatto [Epine d’acacia – contact] mai 2005 - Toile, soie, épines d'acacia.

Détail / Spine d’acacia - contatto [Epine d’acacia – contact] mai 2005 - Toile, soie, épines d'acacia.

Détail / Spine d’acacia - contatto [Epine d’acacia – contact] mai 2005 - Toile, soie, épines d'acacia.

"Sur l’empreinte agrandie de sa bouche, Spine d’acacia - contatto, maggio 2005 [Epine d’acacia – contact, mai 2005], Penone a disposé des épines d’acacia collées sur de la soie qui recouvre la toile, suivant la trace de tous les détails de sa peau et de ses lèvres. Dans ce paysage étrange, le végétal évoque l’idée d’un contact dangereux, redoutable. Le contraste est saisissant entre la soie immaculée du support, aussi fine et fragile qu’une peau, et la violence de ces pointes tendues. La bouche est une partie du visage très sensible, riche en terminaisons nerveuses, et les épines d’acacia pourraient être vues comme leur matérialisation. Elle est également le lieu de la parole et du souffle, l’orifice permettant de se nourrir et recelant le sens du goût, elle est source de vie. A proximité, la matérialité des épines et leur configuration abstraite l’emportent tandis que dans une vision éloignée, l’image de l’empreinte se révèle dans son ensemble. Penone explore le passage d’un règne à l’autre, de l’homme à l’arbre, de l’animal au végétal.
La dimension christique de cette série renvoie à un autre ensemble présent dans l’exposition avec des oeuvres sur papier intitulées La Pressione di una carezza [La Pression d’une caresse] dans lesquelles l’oeil, le front et la bouche sont hérissés d’épines. Dans cette salle, une autre bouche est dessinée au graphite, sombre et irisée, fruit du minéral." [Extrait du Dossier pédagogique]


Sigillo [Sceau] 2012 - Marbre blanc de carrare - Au fond :  Spine d’acacia - contatto [Epine d’acacia – contact] mai 2005 - Toile, soie, épines d'acacia.

Sigillo [Sceau] 2012 - Marbre blanc de carrare

"Sigillo [Sceau] est une sculpture monumentale composée d’un cylindre de marbre blanc dont Penone a taillé les veines en relief, posé sur la surface des dalles juxtaposées dont les veines ont été taillées en creux. L’ensemble fonctionne comme si le rouleau avait imprimé sa marque sur la partie horizontale, créant un effet positif-négatif à l’image des sceaux-cylindres mésopotamiens. Le réseau de lignes du marbre rappelle les plis de la peau ou les faisceaux de veines dans le corps humain." [Extrait du Dossier pédagogique]

Sigillo [Sceau] 2012 - Marbre blanc de carrare - Au fond : Pelle di grafite - riflesso di ambra [Peau de graphite - reflet d'ambre] 2007 Graphite sur toile noire

Détail : Pelle di grafite - riflesso di ambra [Peau de graphite - reflet d'ambre] 2007 Graphite sur toile noire

Ripetere il bosco [Répéter la forêt] Répéter la forêt, 1982-2011 Bois de mélèze, bois de sapin

Ripetere il bosco [Répéter la forêt] Répéter la forêt, 1982-2011 Bois de mélèze, bois de sapin

Ripetere il bosco [Répéter la forêt] Répéter la forêt, 1982-2011 Bois de mélèze, bois de sapin

"Les arbres ont été réalisés entre 1983 et 2011.Penone indique leur hauteur (de 7 à 11 mètres) et les associe par deux. Pour chaque arbre, il a coupé la poutre en deux : la première moitié émerge de sa base la plus large, dans le sens de la croissance, tandis que le deuxième tronçon est retourné, la partie du fût la plus fine comme plantée dans le socle. Ces inversions témoignent d’un dialogue avec le temps et de la rencontre du visible et de l’invisible." [Extrait du Dossier pédagogique]

Ripetere il bosco [Répéter la forêt] Répéter la forêt, 1982-2011 Bois de mélèze, bois de sapin

Salle d’orientation : Acacia e foglia di zucca [Acacia et feuille de courge],1982 - Bronze et acier (Détail)

Salle 42 : Collection du Musée de Grenoble : Essere Fiume [Être fleuve] 1998  Pierre naturelle et pierre taillée / Au fond : Foglie [Feuilles, 1990], Terre de sienne sur toile de feutre

"À partir du milieu des années 1980 Penone prend pour champ d’investigation le cerveau humain et réalise une série d’oeuvres sur le thème de la boîte crânienne.
Dans la série intitulée Foglie [Feuilles, 1990], il a recouvert de graphite l’intérieur d’un crâne sur ses quatre faces (frontale, occipitale, pariétales gauche et droite) puis appliqué un ruban adhésif. Une fois arrachée, la partie collante révèle les empreintes des quatre zones. Projetés puis agrandis sur papier ou sur feutre, ces relevés sont repris au pastel, à la sanguine ou à la terre de Sienne. Leur image traduit la pression qu’exerce le cerveau contre la boîte crânienne. Penone considère le résultat comme un paysage marqué par les événements biologiques et émotionnels et les traces du temps. Il est fasciné par le fait que la matière molle du cerveau modifie la dureté de l’os.
Les agglomérats environnés par les vides, l’empreinte vierge des vaisseaux sanguins semblables à des fleuves, prennent parfois l’apparence d’une cartographie vue du ciel ou du fossile d’un végétal géant. La terre de Sienne rouge-rosé appliquée sur le feutre donne à ces paysages une dimension organique." [Extrait du Dossier pédagogique]


Salle 42 : Collection du Musée de Grenoble : Essere Fiume [Être fleuve] 1998  Pierre naturelle et pierre taillée / Au fond : Foglie [Feuilles, 1990], Terre de sienne sur toile de feutre
"Être fleuve [Essere Fiume] est composé de deux pierres d’apparence semblable placées côte à côte. L’une a été retirée d’une rivière par Penone tandis qu’il a sculpté l’autre. Pour cela, il a remonté le cours de la rivière d’où provenait la première et extrait un bloc de la montagne d’où elle était issue afin de la reproduire à l’identique. 
Refaire exactement telle quelle une pierre de la rivière signifie pour l’artiste reproduire tous les événements qui se sont imprimés sur elle. Il considère cet acte comme la perfection de la sculpture et déclare que celui qui reproduit la forme faite par la rivière devient la rivière lui-même. Il devient également une contraction du temps qui a permis à la pierre de devenir ce qu’elle est." 
[Extrait du Dossier pédagogique]

Allée centrale : Pressione [Pression] (2014) Installation au charbon de bois sur mur 

Allée centrale : Pressione [Pression] (2014) Installation au charbon de bois sur mur (Détail)

"L’oeuvre intitulée Pressione [Pression] installée dans l’allée centrale est le résultat d’un procédé que Penone a mis en place dès 1974. L’image d’une empreinte de peau est projetée agrandie sur un mur puis redessinée à l’aide de graphite ou de fusain. La peau se «déroule» sur une surface monumentale, se déployant comme un grand paysage ou un tableau abstrait. Les plis et les nervures, témoins du temps qui passe, évoquent l’écorce d’un arbre. Le motif, répété dans l’espace, enveloppe le spectateur comme une paroi protectrice. L’empreinte devient un révélateur de l’invisible." 
[Extrait du Dossier pédagogique]

Allée centrale : Pressione [Pression] (2014) Installation au charbon de bois sur mur

















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POST SCRIPTUM 

Installation des oeuvres...


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Liens
> Catalogue de l’exposition - Actes Sud
Café d'artiste/La galerie France 5